Témoignage de C.C.

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J’y étais


Samedi 9 avril 1977


6 jeunes à St Denis, qui décident de se mettre en route pour l’événement dont la télé s’est fait l’écho, l’éruption du volcan hors enclos

Nous avions entre 20 et 24 ans, entassés dans une seule voiture

Décision est prise de passer par le sud, le spectacle sera plus fantastique

La nuit tombe, il pleut à verse

Nous arrivons sur une ambiance survoltée, mais les forces de l’ordre nous bloquent, 17kms à pied, il pleut toujours

Nous croisons les premiers attroupements, puis des camionnettes attendant des habitants : ceux ci rassemblent leurs effets personnels dans de petites valises et semblent inquiets et attristés

Mais quel  monde , des milliers de personnes qui s’agglutinent près de la lave qui va traverser la route.  Il paraît qu’il y a encore plus de monde l’autre côté, vers Ste Rose

Je suis effrayée par le bruit, la chaleur, la lumière et surtout ces mouvements de foule :  on est poussés, parfois je perds pied, mais on veut voir, il y a des cris à chaque filaos qui s’abat et des mouvements de recul

Une rumeur court, la lave menace une station essence, qui peut  exploser, : les les forces de l’ordre  tentent de faire reculer la foule?  elles sont impuissantes 

Devant la pagaille,  craignant une catastrophe et ne pouvant accéder à la coulée, nous décidons de rebrousser chemin et de tenter de contourner la cohue en essayant d’avoir une vue d’un promontaoire.

Nous passons devant 2 policiers, qui semblent indifférents et nous laissent emprunter la route qui monte et qui serpente au milieu des cannes et des filaos peu à peu.

Nous plaisantons sur le fait que, mis à part ces deux policiers, personne n’est au courant et ne viendra nous chercher.

Et au détour d’un virage, la chaleur se fait intense, des craquements de filaos qui s’embrasent et s’abattent, et surtout, soudain, un fleuve de feu devant nous …qui dévale la pente, vitesse de 30kms heure (semble-t-il).

Nous réalisons brutalement notre imprudence, et devant la crainte d’être encerclés, nous partons en courant.

Mes lunettes sont tombées, tant pis.

On est repartis épuisés d’émotions, les jambes affaiblies après ces 40Kms de marche.

Quelque temps plus tard je suis repartie à la recherche de mes lunettes… sans succès.