2007 Développement durable à la Réunion Le Monde
L'île de la Réunion veut être pionnière en matière de développement durable
LE MONDE | 08.10.07 | 18h02 • Mis à jour le 11.10.07 | 20h23
SAINT-DENIS (LA RÉUNION) ENVOYÉ SPÉCIAL
En matière de développement durable, l'île de la Réunion pourrait faire figure d'élève modèle. C'est une des conclusions de la réunion qui s'est tenue, vendredi 5 octobre, à Saint-Denis, lors de la phase de consultation des publics du Grenelle de l'environnement.
Ce département produit déjà 40 % d'énergies renouvelables, à travers des installations comme la centrale thermique de Bois-Rouge utilisant la bagasse (résidu de canne à sucre), la ferme photovoltaïque du Port, la centrale hydraulique et la ferme éolienne de Sainte-Rose.
La Réunion est aussi le premier département français pour l'utilisation de chauffe-eau solaires : 80 000 appareils de ce type fonctionnent sur l'île et leur nombre s'accroît de 10 000 par an. Et le conseil régional, avec l'aide d'EDF, a mis en circulation près d'un million d'ampoules basse tension, vendues un euro pièce.
Principale ombre au tableau : la voiture. Environ 27 000 nouveaux véhicules sont immatriculés chaque année. Ce chiffre élevé s'explique à la fois par la passion des Réunionnais pour l'automobile et par l'absence de transports collectifs performants. Outre les émissions de CO2, cet engouement a des effets immédiats sur l'environnement.
Les batteries usagées ne peuvent être ni retraitées sur place ni transférées en métropole. “Il faudrait mutualiser les moyens et développer la coopération régionale avec les pays de la zone en matière de traitement des déchets“, a suggéré un intervenant. Parmi les autres propositions évoquées au cours des débats : conditionner la défiscalisation et le versement des aides publiques au respect des normes environnementales.
Le responsable régional des Verts, Jean-Pierre Espéret, a regretté que le Grenelle n'ait pas abordé la question de la pollution des sols. “Avec le chikungunya, des insecticides ont été pulvérisés en masse. Qu'en est-il de leur persistance dans l'environnement ? Il faudrait faire chez nous l'équivalent du rapport Belpomme (portant sur la pollution au chlordécone aux Antilles)“, a-t-il déclaré.
“L'OUTRE-MER A ÉTÉ OUBLIÉ“
Les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), dont l'administrateur, Eric Pilloton, réside à la Réunion, ont été citées comme exemple d'une exploitation à la fois concurrentielle et durable des ressources de la mer. Un label qualité pourrait voir le jour. Les TAAF abritent notamment la légine, un poisson recherché, dont la pêche est exportée principalement vers l'Asie.
José Gaillou, vice-président de la région Guyane, qui participait aux débats, a regretté que les autres départements d'outre-mer n'aient pas été pris en compte. “Dans ce Grenelle, l'outre-mer a été oublié, a-t-il déploré. On nous demande de donner notre avis sur un travail qui est déjà ficelé. Quand on a besoin d'une vitrine en matière de biodiversité, on met l'outre-mer en avant. Mais on ne le consulte pas. Nous n'avons besoin de personne pour parler à notre place. Pourquoi n'a-t-on pas sollicité les Amérindiens et les Bushinengués de Guyane ?“
Le président du conseil régional, Paul Vergès, a comparé le développement durable à “une longue marche vers un nouvel ordre mondial de l'économie et de l'écologie“. “Dans certains domaines, nous sommes en tête d'un mouvement qui va changer le monde“, a-t-il souligné.
Le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, Christian Estrosi, a clôturé les travaux en rappelant que l'outre-mer français représentait “97 % de la superficie des eaux maritimes françaises“ et possédait “l'un des quinze derniers massifs de forêt tropicale non encore fragmenté par les activités humaines (en guyane)et le deuxième lagon du monde (en Nouvelle-Calédonie)“.
“La France gère et maîtrise la deuxième plus grande surface océanique du monde, après les Etats-Unis“, a-t-il ajouté. M. Estrosi a déclaré souhaiter la création d'un Observatoire biodiversité et valorisation de l'espace maritime français, sur le modèle du sanctuaire Pelagos de protection des mammifères marins en Méditerranée.
Xavier Ternisien