Détection d’une espèce de coccinelle exotique à la Réunion 5 nov 2020, 14h 31
Une nouvelle espèce de coccinelle dénommée la « coccinelle à sept points » (Coccinella septempunctata) a été observée à La Réunion, notamment dans le Parc national (Maïdo, Volcan …) où elle semble bien installée. Cette coccinelle de grande taille (6-8 mm) a été identifiée pour la première fois le 16 mars 2020 dans le cadre d’un programme de surveillance environnemental des zones boisées par le Tamarin des Hauts (Acacia heterophylla) mis en place par le Parc national et l’Université de La Réunion en collaboration avec le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
L’origine de l’introduction de cette espèce à La Réunion n’est à ce jour pas connue. Des recherches vont être menées pour déterminer l’impact de cette nouvelle espèce exotique (impacts sur l’entomofaune indigène et sur des ravageurs exotiques en particulier).
Les services de l’Etat rappellent que l’introduction de macro-organismes à des fins scientifiques ou pour des usages agricoles est soumise à une réglementation stricte. Les autorisations doivent notamment s’appuyer sur un dossier d’expertise permettant d’évaluer les risques environnementaux et de vérifier l’innocuité des organismes destinés à des lâchers en vue de la lutte biologique. Toute introduction d’un macro-organisme exotique non autorisée peut faire l’objet d’une peine d’emprisonnement de deux ans et de 7 500€ d’amende, conformément aux dispositions prévues à l'article L.258-2 du Code rural et de la pêche maritime.
L’introduction non autorisée dans le milieu naturel d’espèces animales sauvages non indigènes, volontaire ou non, est interdite en application de l’arrêté ministériel du 09 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion. En cas d’infraction, une peine allant jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000€ d’amende peut être prononcée, conformément à l’article L.415-3 du code de l’environnement.
Cherchez l'erreur : ladite coccinelle est en vente libre sur internet, connue comme un prédateur des pucerons et autres :
Est-ce qu'un agriculteur formé à favoriser les auxiliaires des cultures n'aurait pas cru bien faire ???
Le 7 novembre 2020
Bonjour Nicole,
Martine a repéré cette coccinelle dans notre jardin sur du persil en
février 2020. Nous l'avons signalée immédiatement au Cirad qui
découvrait l'info et l'a relayée.
Difficile de savoir qui a introduit cette coccinelle à La Réunion.
N'étant pas une bête trop agressive, elle ne devrait pas poser de
problèmes. A suivre...
Au plaisir.
Didier
La Bergerie 4 individus avant le 8 novembre sur Physalis peruviana
Jean-Maurice Tamon le 5 novembre 2020 à La Chaloupe Saint-Leu
FMA chemin Josémont Lauret en contrebas de l'oratoire Sainte Thérèse
le 15 novembre 2020 au tamarin Dodo CB
le 17 novembre 2020 3 individus sur le sentier du Piton de Bert NC
le 30 novembre 2020 3 adultes au pont de vue du Nez de Boeuf JTAK
Le 1er décembre 2020 de nombreux adultes et de nombreuses larves au Pas des Sables
Pas trop agressive la coccinelle à sept points ? Je lis dans le numéro 109, second semestre 2019, de « La Hulotte » p. 32 et 33 :
« Aux Etats-Unis et au Canada, les coccinelles américaines vivaient parfaitement tranquilles depuis la nuit des temps. Jusqu'à ce que l'homme ait l'idée fatale d'introduire dans leur champs deux mangeuses de pucerons jugées plus efficaces qu'elles. L'une était la coccinelle asiatique introduite dans les années 1980. Quant à l'autre, il s'agissait tout simplement de notre coccinelle à sept points nationale. Ne trouvant pas là-bas les ennemis naturels qui les empêchaient de proliférer dans leurs pays d'origine, les deux loups-garous ont prospéré et se sont rapidement répandus dans presque toute l'Amérique du nord, expulsant petit à petit les coccinelles locales. Ainsi la malheureuse coccinelle à bandes transversales s'est vue confisquer une bonne partie du territoire de ses ancêtres et ses effectifs ont été divisés par vingt ou trente dans certains états. Une trentaine d'années seulement après leur introduction, les deux envahisseuses représentaient déjà 60% des coccinelles en Amérique du nord et la spoliation continue à l'heure où j'écris ces lignes. En plus de son action calamiteuse sur les coccinelles américaines, la coccinelle à sept points est fortement soupçonnée par les autorités de s'attaquer illégalement à deux espèces de papillons menacés, dont elle mangerait les œufs pendant les périodes de disette. La coccinelle asiatique, vexée, s'est empressée d'apporter la preuve qu'elle était tout à fait capable, de son côté, de s'en prendre aux larves du célèbre papillon Monarque. Un vrai duo de calamités publiques ! Introduire dans un pays une espèce nouvelle rapportée de l'autre bout du monde fait toujours courir un risque considérable à la Nature. » La bibliographie des ouvrages ayant servi à la documentation de ce numéro est disponible sur www.lahulotte.fr.
L'expansion spectaculaire de la coccinelle à sept points à La Réunion est d'ores et déjà tout à fait préoccupante étant donné que les milieux insulaires sont beaucoup plus fragiles que les milieux continentaux.
L'observation de larves de Coccinella septempunctata au Volcan apporte la preuve que l'espèce se reproduit même en altitude où l'hiver peut être rude et que le passage de l'hémisphère nord à l'hémisphère sud n'a pas été un obstacle difficile à surmonter.