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                FORET D’ETANG-SALE

Nicole CRESTEY

   Il s’agit du plus important massif forestier du littoral sous le vent (781 ha de forêt domaniale gérée par l’ONF). Cet ensemble constitue un plateau incliné du nord-ouest (environ 200m d’altitude) au  sud-est (niveau de la mer), formé de dunes d’origine éolienne dans sa partie nord, de monticules volcaniques dans sa partie sud (Gros Piton, Piton Reinette et Piton Rouge).

   La moyenne annuelle des précipitations est de 800mm (sur 30 années) y compris les pluies cycloniques. La répartition annuelle est mauvaise et irrégulière. La saison sèche peut durer 7 à 8 mois. La situation est aggravée par un régime de vents de secteur est, est-sud-est (les alizés soufflent presque toute l’année). Les sols sableux dunaires couvrent environ 600 ha. Ils ont en général une bonne profondeur mais ont une faible réserve en eau. Ses caractères morphopédoclimatiques  sont proches de ceux de la côte nord du Sénégal.

   Cette forêt est actuellement constituée de peuplements quasi purs de filaos (Casuarina equisetifolia) bien adaptés à ce type de sols et résistants bien aux vents salins. En dehors de la zone des embruns, on trouve associés les bois noirs des bas (Albizia lebbeck), le tamarin de l’Inde (Pithecellobium dulce), le lilas de Perse ou margosier (Melia azedarach) ainsi que le cassia du Siam  (Senna siamea) et divers eucalyptus (Eucalyptus citriodora et E. tereticornis). Laborieusement installés après la seconde guerre mondiale, ces reboisements ont été endommagés par des incendies, par la sècheresse et par les cyclones. En outre, le manque de soins en fait actuellement une forêt vieillissante : la durée de vie moyenne des espèces utilisées est largement dépassée et leur état sanitaire est devenu précaire. Autrefois la production de bois était écoulée vers les usines sucrières, vers l’artisanat local et la construction des charpentes des cases traditionnelles et vers le chemin de fer mais ces débouchés n’existent plus. Aujourd’hui la vocation de cette forêt est de trois ordres : protection du littoral, fixation des dunes et aménagement d’une forêt récréative (parcours de santé, piste cyclable, piste équestre). En raison du coût d’établissement des plantations on recherche maintenant des essences à révolution longue.  Dans le cadre du plan de rénovation de la forêt d’Etang-Salé, un programme expérimental conduit conjointement par le CIRAD (département forêt) et l’Office National des Forêts a été mis en place en 1988 pour l’identification d’essences pouvant remplacer le filao atteint de dépérissement. Une étude approfondie a porté sur les facteurs responsables du dépérissement du filao a mis en évidence le rôle aggravant des attaques d’un longicorne, Coelosterna scabrator. Des méthodes de lutte préventives ont été proposées. Plusieurs espèces testées ont été retenues : Acacia auriculiformis, Azadirachta indica, Eucalyptus camaldulensis, Grevillea robusta et Khaya senegalensis notamment pour leurs performances de croissance, leur faible mortalité et leur comportement lors des vents cycloniques. Ces espèces sont maintenant utilisées dans le cadre du chantier de rénovation de cette forêt. Une évaluation de l’impact de cette opération sur la biodiversité a été entreprise en s’appuyant sur l’analyse des relations entre l’habitat forestier et les communautés d’oiseaux du littoral réunionnais.

En 1969, l’ONF a accepté de céder 70 ha pour créer un golf. Le projet actuel d’extension de ce golf, associée à la création d’un hôtel de grand standing, porté par la mairie d’Etang-Salé et la CIVIS est controversé. Il a été à l’origine de la création de l’association ACPEGES en 2006. La réalisation de la route des Tamarins a amputé la forêt de 20ha. Des mesures compensatoires ont permis la réalisation de la coulée verte et la plantation d’un grand nombre de plantes indigènes et endémiques en 2007.

 

© F. Duban 2012