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Les Sophoraies de La Fournaise

Un grand merci à Jean-Paul L.G. pour ses photos marquées (JPLG).


Après l'organisation du covoiturage au départ de Saint-Pierre, et la montée vers la Plaine des Cafres, le temps exceptionnel de cette sublime matinée nous permet de retrouver les paysages iconiques de la Réunion dans la gloire de la lumière matinale : le Grand Bénard et le Piton des Neiges dominent en seigneurs et maîtres les vertes étendues des Plaines. 

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Au loin, très loin, comme oubliée, la frange d’écume du battant des lames, devant nous les sommets des montagnes. 

Arrivés sur le parking, Nicole CRESTEY nous rappelle quelques notions essentielles de géologie volcanique devant le panneau d’affichage sur place. On pourra trouver sur le site du BRGM toutes les explications voulues. Nicole Crestey fait bien observer les trois “accidents” au nord du Piton de La Fournaise : chacun de ces accidents associe une caldeira et un effondrement conséquent, si bien qu’il est difficile de ne parler que de caldeira. Les cratères (Bory, Dolomieu, ont été le lieu de véritables phénomènes de caldeira).  Il y eut l’effondrement  de la Rivière des Remparts (- 190 000 ans), celui des Sables (- 65 000 ans) et celui de Bellecombe (4 700 ans). Le prochain accident devrait avoir lieu dans les Grandes Pentes, à l’est de La fournaise. 


Les tentatives pour débloquer l’aiguille de la boussole apportée pour vérifier que les cristaux de magnétites dans les lapilli autour des blocs de basalte alentour affolent la dite boussole restent vains. De toute façon le paysage devant nous, celui de la Plaine des Sables et des pitons qui l’entourent est tout autant capable de nous faire perdre le nord. Le Piton Chisny fait le gros dos pour tenter d’égaler la Fournaise derrière lui. Une de ses éruptions qui date de mille ans avait atteint la côte à l’embouchure de la Rivière Langevin (Commerson 2000). 


Autour du panneau d’affichage nous trouvons de nombreuses plantes exotiques. La circulation intense sur la piste qui mène au volcan toute proche explique ces invasions. 

Autour d’un massif de Marguerites folles (Erigeron karvinskianus Marguerite folle ASTERAC.), 

quelques Chicorées pays (Hypochaeris radicata Chicorée-pays ASTERACEE Exotique) ressemblent à s’y méprendre aux fleurs de pissenlits. 

Du Plantain (Plantago lanceolata Petit plantain PLANTAGINACEE Exotique) balance au vent ses hampes caractéristiques

Un Rumex, (Rumex acetosella Oseille sauvage POLYGONACEE) ne doit pas être confondu avec 

un autre Rumex (Rumex obtusifolius POLYGONACEE Exotique) rouge.

Un spécimen de Brunelle (Prunella vulgaris Herbe catois LAMIACEE Exotique) est aussi repéré.

 La végétation caractéristique à cette altitude et dans ce milieu est dite éricoïde (qualifie un végétal ayant l'habitus et en particulier le feuillage, d'une bruyère.). C’est une végétation altimontaine où 

le Branle vert (Erica reunionnensis Branle vert ERICACEE Endémique) (JPLG) , vraie bruyère, côtoie 

le Branle blanc (Stoebe passerinoides Branle blanc ASTERACEE Endémique) (JPLG) , et 

l’Ambaville blanc (Hubertia tomentosa Ambaville blanche ASTERACEE Endémique) qui est une plante verte à fleurs jaunes. Ces mêmes fleurs comme celles du pissenlit seront dispersées par le vent.

À ne pas confondre avec le Faux ambaville alias Branle bâtard (Phylica nitida (Faux) Ambaville  RHAMNACEE Indigène).

Nous entamons notre marche le long du sentier qui surplombe en direction de l’est la Plaine des Sables. Nous retrouvons les mêmes plantes éricoïdes, qui manifestent la même convergence de forme, et dont la couleur blanche s’explique par la présence de minuscules poils destinées à protéger les plantes du froid et des UV.

Sur le bord du sentier on note la présence de nombreux  Bois de fleurs jaunes (Hypericum lanceolatum angustifolium Fleur jaune HYPERICACEE Endémique) (JPLG) dont les nervures secondaires sont parallèles.

On peut qualifier de bonsaï le Tamarin des Hauts (Acacia heterophylla Tamarin des hauts  Endémique) (JPLG) vivant à cette altitude car il reste de petite taille, véritable nain quand on songe à la taille que peuvent atteindre ses grands frères en des lieux moins hostiles (sentier dit de l’Ilet Alcide dans les Hauts de Saint-Paul où voir le Roi des Tamarins). 

Nous recherchons des massifs de Queue de mimite (Pennisetum caffrum Queue de mimite POACEE Endémique) (JPLG JPLG) qui montreraient tous les stades de maturation de la plante. La hampe couronnée de ses aigrettes prêtes à un transport anémochore n’a rien à envier au rouge Bordeaux de la même hampe à l’adolescence pour reprendre les termes des élèves de Jean-Marc GRONDIN de retour de France et qui nous fait l’amitié de rejoindre le groupe. 

Autre plante éricoïde, le Thym marron (Erica galioides Thym marron ERICACEE Endémique) (JPLG) est en fleur lui comme les massifs de plantes diverses en fleurs eux, déjà décrits.


Enfin nous trouvons un pied du Tamarin pour lequel nous sommes là. Ce n’est pas le Tamarin  (Tamarindus indica Tamarin des bas ou en français Tamarinier  FABACEE Exotique), ni un Tamarin de laine (Pithecellobium dulce Tamarin d’Inde FABACEE Exotique), ni un Tamarin des Hauts (Acacia heterophylla Tamarin des hauts  Endémique), mais le Petit tamarin des Hauts (Sophora denudata Petit tamarin des hauts FABACEE Endémique). Nous l’avons vu au milieu des riches pâturages de la Plaine des Cafres en montant. Il semblerait que sa régénération soit devenue difficile. Si on ouvre les gousses de Sophora, on trouve des graines saines (jaunes) mais aussi des graines parasitées (gris blanc). On rappelle ici qu’une thèse par Monsieur Laurent JAUZE vient d’être soutenue sur cette plante endémique. 

Une autre petite plante qui fait deux épis (Ischaemum koleostachys POACEE Endémique M) évoque un vague cousinage avec la Queue de mimite.


D'autres aigrettes rappelant les fleurs de pissenlit à maturité caractérisent un buisson de Liane marabit (Clematis mauritiana Liane Marabit) (JPLG) (CIRAD).


Nos pas font envoler de temps à autres des criquets val val  (JPLG

Seul l’œil exercé de nos botanistes ont pu repérer des tiges d’orchidées dans un massif de plantes éricoïdes  (JPLG)  (JPLG). Nous n’en verrons pas les fleurs.

Nicole CRESTEY fait remarquer la présence sur le sentier par endroits de cendres de Bellecombe : on dirait que le sentier a été cimenté. Ce sont les cendres tassées et durcies de l'accident de - 4700 ans.


Nos pas nous ont souvent dirigé aux bords du rempart pour contempler longuement la Plaine des Sables ou la vallée de la Rivière de l’est à sa naissance et du coup nous devons renoncer à faire la grande boucle projetée. Nous revenons sur nos pas et descendons dans la Plaine des Sables au pied du rempart où nous trouvons un Tamarin des hauts nain à l’ombre rafraîchissante duquel nous pique-niquons. Une fois encore les talents culinaires de M. S. sont appréciés, tout comme les chouquettes de G. et M.


Sur le chemin du retour, nous partons à la recherche des Satyres (Satyrium amoenum Satyre charmant ORCHIDACEE Indigène), mais nous ne trouverons que des tiges sèches. Il faudra revenir en février mars. 


Nous cherchons des bombes volcaniques et nous faisons halte au cratère Commerson (prononcer “commère” + “son” et non pas “commère”+”sonne”. Commerson était français, médecin et naturaliste du Roi et s’en vint à Bourbon herboriser.  

© F. Duban  2012