Sentier Ravine « des Trous »
C'est une autre de ces sorties dont on se souvient avec émotion qui commence ce jour sous l'égide de Jean-Marc GRONDIN accompagnée de son épouse. Qu'ils soient vivement remerciés pour nous avoir conduits sur une sentier très riche botaniquement, qui, une fois sorti de la forêt de Crytomeria, permet de retrouver de nombreuses essences des Hauts sous la canopée aérée de grands Mahots et d'impressionnants Tamarins.
Le sentier part d'une branche de la Piste des Tamarins, à savoir la Route Vaudeville — M. Vaudeville a été préfet de la Réunion dans les années 1960 — et ce non loin de la Ravine du Trou. Jean-Marc GRONDIN fait remarquer qu'une fois encore la toponymie officielle néglige la réalité du terrain : la Ravine du Trou n'a pas un trou comme son nom le suggère. Elle est tapissée de gigantesques marmites de géant et la répétition est voulue pour suggérer le travail d'érosion fluviale qui a même permis aux eaux de trouver la roche mère : un des trous visibles de la route est ainsi tapissé de hautes herbes.
Avant de prendre le sentier, nous trouvons de gaillards orobanches, plantes parasites sans chlorophylle et de jeunes Cryptomerias sur les talus d'un dégagement de la route. Qui a dit que les Cryptomerias ne se regénèraient pas spontanément ?
De même qui a dit que les mouches bleues ne s'attaqueraient pas aux ronces pays, Rubus apetalus ?
Par contre, de jeunes Tamarins en pleine lumière donnent à penser qu'une fois les Cryptomeria et leur sombre forêt abattus, les graines de Tamarins au pouvoir germinatif long pourront faire renaître ici une tamarinaie.
Toujours sur le talus, un Branle blanc juvénile peut-être pris pour un ajonc d'Europe si l'on n'y prend garde.
Le sentier monte vers la « Ligne gouvernement », autrement dit la ligne où commence le domaine, plus haut. Il est visiblement utilisé par les VTT. Autrefois il l'était par les ouvriers de l'ONF et les ouvriers travaillant les calumets. Un œil aguerri peut retrouver les cicatrices laissées par les sabres à canne de ces ouvriers lorsqu'ils découpaient des lanières sur les troncs de Mahots.
Les yeux aguerris des Botanistes-chefs repèrent des Korthalsellas, parasites qui font penser à des plantes grasses effilées perdues dans les branches des arbustes.
Beaucoup d'espèces connues sur ce sentier, comme le Tan Rouge qui a donné son nom à un village plus bas qui n'est pas le Tan Rouge voisin du Guillaume. Rappelons qu'il existe deux espèces de Tan Rouge. Le petit Tan Rouge se distingue par sa foliole terminale plus développée et un rachis peu ou pas ailé. Ici le Tan Rouge domine.
De nombreux Bois de tambour sont repérés au cours de la journée.
Parmi les découvertes de la journée le sosie de l'osto café, à savoir le Bois de corail des Hauts alias Bois de lousteau, qui s'en distingue par l'absence de stipules engainantes.
Le Petit bois de rempart est lianessant à cette altitude, tout comme le Galabert ou Corbeille d'or - Lantana camara - Verbenaceae. Et ici les Branles ont des troncs.
Au retour nous retrouvons les traces de chasseurs de “z'andettes" sur les troncs ouverts à coup de sabre de Bois de fleur jaune Hypericum lanceolatum.
Après un pique-nique consistant, et un tour à la Ravine des Trous, nous prenons un autre sentier qui part lui aussi dans la forêt de Cryptomerias avant de déboucher dans la forêt primaire envahie de Longoses. Jean-Marc Grondin nous fait ainsi découvrir un hôte vénérable de ces lieux, un Tamarin séculaire dont le tronc ne peut être embrassé et qui sans doute était déjà là avant l'arrivée des hommes sur l'Île.