Wilderness bourbonnaise ?
Deuxième route à droite après l'église de la Plaine des Cafres, et nous continuons en direction du Piton de la Ravine Blanche que nous dépassons, comme le hameau éponyme, avant d'arriver à la Tamarinaie où un immense travail d'éradication du raisin marron a été effectué et saute aux yeux des arrivants. Sous les grands Tamarins, des andins de raisin !
Nicole CRESTEY fait quelques rappels sur les Fougères arborescentes, dont on a ici tous les spécimens existant sur l'île :
Cyathea glauca, avec duvet doux roux sur tout le rachis des frondes (Feuilles des fougères portant les sporanges), car (?) plutôt en altitude.
Fougère arborescente pouvant atteindre plus de 10 m. Les larges frondes sont spiralées. La base du rachis pubescent est roux. Frondes tripennéees. On distingue cette espèce de C. Excelsa par les folioles insérées selon un angle. Cette espèce est endémique de la Réunion. Elle est commune en forêt de montagne. Ornement, restauration écologique, pharmacopée. Trop souvent utilisé comme support d’orchidées. (CIRAD)
Cyathea excelsa, ("Fanjan femelle") sans duvet sur le rachis des feuilles.
Fougère arborescente pouvant atteindre plus de 10 m. Le stipe est large à la base, avec de nombreuses petites racines adventives. Les frondes de grande taille sont pétiolées et trifoliées. L’axe de la feuille est glabre et vert. On distingue aussi cette espèce de C. Glauca par les folioles disposés sur un seul plan. Cette espèce est indigène de la Réunion, de Maurice et de Madagascar. Elle est commune dans les forêts humides jusqu’à 2000 m d’altitude. Ornement, restauration écologique, pharmacopée. Trop souvent utilisé comme support d’orchidées. (CIRAD)
Cyathea borbonica ("Fanjan mâle") reconnaissable aux cicatrices sur le tronc et à ses frondes divisées deux fois seulement.
La Cyathea cooperi, originaire d'Australie, reconnaissable à ses poils courts roux et ses poils et écailles blancs à la base des rachis.
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Autre fougère en ces lieux, la fougère bleue qui doit son nom à sa tige vaguement bleue.
Sous le couvert des grands Tamarins le sol d'où le raisin marron a été extirpé est net et jonché de leurs "feuilles", couveuses de bébés Tamarins qui deviendront grands si les hommes leur prêtent vie.
Rares sont les touffes d'herbe comme l'Isachnee mauritiana avec ses fleurs en panicule.
Un des arbustes omniprésents ici et surtout dans la Tamarianaie du sentier botanique en train d'être aménagé plus bas sur un site voisin est le petit Catafaille patte poule, patte poule car trois folioles.
Si le raisin marron a été extirpé, le Bois de raisin alias Bois de Blaye (private joke) est présent.
On a laissé sa chance au Tibouchina, plante invasive mais aux fleurs mauves du plus bel effet dans cette forêt où jouent la lumière et la pénombre.
Nous rencontrons un des formateurs de l'équipe à l'œuvre ici qui nous rappelle les objectifs et réalisations de l'association qui a mis en valeur la Tamarinaie. Nous lui exprimons notre admiration devant le travail gigantesque accompli.
Après le pique-nique dans l'herbe ombrée sous les ramures des vieux Tamarins des Hauts, nous reprenons nos voitures pour rejoindre l'entrée bien cachée du sentier botanique en cours d'aménagement. La Tamarinaie qui nous accueille est une forêt primaire, reconnaissable à son sol souple sous le pied, à la pénombre qui y règne et à la quasi absence d'invasives. Nous trouvons en abondance Catafaille patte poule, Fanjans mâles et femelles, Tan rouges calumets...
Des ouvriers sont au travail sur le sentier.
Magie de la forêt primaire : quelque chose d'indéfinissable — le sol élastique sans invasives, le silence et la pénombre ? — nous dit que nous sommes dans une forêt qui a passé les épreuves du temps en demeurant à son climax. Wilderness à l'échelle bourbonienne ?