Piton de la Croix
Il fallait bien suivre le chef du convoi auto depuis l'Étang Salé les Bains pour ne prendre la bonne direction à l'Étang Salé les hauts et sur la route des Canots ensuite.
La route arrive au bout du monde et on gare les voitures sur le bas côté. Nous sommes haut et on devine toute la côte de l'Étang Salé à Grands Bois au loin.
Le sentier débouche très vite sur un escalier dont les marches de terre sont retenues par des entrelacs de branches de Goyaviers, pestes envahissantes recyclées.
Déjà il est possible de repérer de superbes spécimens de Bois de piment, en fleur et et avec fruits.
Beaucoup de plantes offriront ainsi tout au long du sentier de très pédagogiques assemblages de fleurs ou inflorescences et de fruits, facilitant l’identification.
Sur le sentier qui monte à la croix du piton éponyme on trouve ainsi de superbes fleurs de Bois de chandelle.
L'étape au belvédère de la croix (930 m) est mise à profit pour détailler un paysage qu'il est possible de lire comme une carte. La forêt de l'Etang Salé, le golf, les zones industrielles, et l'urbanisation sur la côte remontant jusqu'au Tampon...
En reprenant l'ascension nous saluons une très sympathique équipe d'ouvriers qui entretient le sentier. L'association qui les emploie est une société mille-feuilles dont on a cru comprendre qu'elle émarge aux budgets de la Région, du Conseil Général, de la mairie, ce qui en ces temps de bouleversements électoraux se présente comme une garantie de survie.
Le sentier suit une canalisation d'eau. Le travail qu'a dû fournir l'équipe d’ouvriers qui a installé cette canalisation sur des kilomètres à flanc de rempart dans la végétation dense est pharaonique, mais aucune affiche ne rappelle leur dur labeur.
Les spécimens les plus caractéristiques le long du sentier jusqu'à l’oratoire de la Vierge de la mousse où nous pique-niquerons sont :
le Bois de perroquet
le Bois de tambour
le Bois maigre
le Corce blanc
le Bois de piment
le Bois de négresse
le Bois de Laurent Martin
le Bois de savon
le Bois de cannelle marron
Nombre de ces arbustes sont en fleur.
On repère aussi une petite population d'araignées que les insecticides de la campagne contre le Chik ou les merles de Maurice n'ont pas décimée.
Avant d'arrivée à l’oratoire, il faut franchir une ravine où murmure un filet d'eau sous une voûte verte qu'ouate le brouillard naissant.
Le retour sur le même itinéraire permettra d'apprécier à nouveau la floraison de nombreux arbustes qui sont ici au pic de leur vitalité mais qui laissent néanmoins voir le flanc opposé de la ravine, un imposant rempart couvert d'une végétation que l'on imagine encore vierge. S'il semble impraticable il doit pourtant se laisser explorer par les chasseurs de guêpes et autres tisaneurs.
Notons aussi l'érosion implacable à l'œuvre sur le basalte qui borde par endroits le sentier, basalte qui s'altère en boules et s'effrite au fil des ans dans le silence des Hauts.
Cette sortie est sans aucun doute l'une de celles ayant offert la plus grande diversité et la meilleure exemplarité de ce que peut offrir la végétation de la forêt des Hauts de l’Ouest entre 900 m et 1000 m.