site search by freefind

Aux affouches gigantesques     


Aux affouches gigantesques

Merci à Monique SIBOUT (photos marquées M.S.) et Jean-Paul LE GUELTE (photos marquées JPLG) pour leur précieuse collaboration.


Après la traversée de Saint-Louis où la signalisation vers Les Makes reste toujours aussi aléatoire, la route monte vers ce qui est  un cirque en formation au creux duquel se niche le village. On aura noté que dans Saint-Louis les panneaux routiers indiquent « Les Makes » orthographié sur l’un d’entre eux  «Les Macques ». Nicole Crestey nous indiquera plus tard au cours de la sortie que des lémuriens, des Makis de Madagascar — Maki vari noir et blanc (Varecia variegata variegata) — ont été introduits dans la forêt que nous allons parcourir dans les années 1840. Chasse ou extinction naturelle, ils en ont disparu vers 1900. Une signalisation dans la Forêt des Makes indique, outre cette origine du nom, un autre origine possible, le macque, « instrument en forme de massue, à branches cannelées, servant à briser les tiges de chanvre et de lin pour les réduire en filasse » http://www.cnrtl.fr/definition/macque

Arrivés dans la pax matutina des Makes JPLG et FD se postent  devant l’église, en attendant les autres participants. Claire, Nicole, Monique, Jean-Paul, Maud et Grégory les rejoignent et tout le monde se retrouve sur le site à pique-nique de Bon Accueil, à l’ombre de grands platanes (M.S.) qui ont pris les couleurs de l’automne austral. 

02 Bon Accueil 02 05 2012 IMG 0390


Commence alors une marche riche en découvertes botaniques.

Sur l’espace gazonné alentour ont été plantées de nombreuses essences.

Le Niaouli

Le Niaouli (Melaleuca quinquenervia) est un arbre de la famille des Myrtaceae originaire de Nouvelle-Calédonie. Utilisé en ornement dans de nombreuses contrées tropicales, le niaouli est souvent devenu une espèce exotique envahissante, perturbant notamment les écosystèmes marécageux comme dans les Everglades, en Floride. Wikipedia

Essence de Niaouli

Essence de niaouli purifiée, liquide incolore extrait d'une variété de myrtacées et utilisé comme antiseptique notamment dans les affections respiratoires. Le produit connu sous le nom de « goménol » n'est pas un composé défini (Lebeau, Courtois, Pharm. chim., t. 2, 1929, p. 507).

Prononc. : [gɔmenɔl]. Étymol. et Hist. 1894 (Bouchardat, Nouv. formulaire, p. 149); fin xixes. (Lettre de M. Prevet, créateur de ce produit, à O. Bloch ds Bl.-W.1: « Comme c'est dans un domaine de Nouvelle-Calédonie appelé Gomen que j'ai commencé à distiller cette essence (...) (et que) d'autre part dans les pays de langue anglaise on désigne sous le nom de gum tout ce qui est résine ou essence, l'idée m'est venue de chercher une appellation qui francise ce nom gum et qui rappelle aussi la localité où le Goménol a été tout d'abord produit »). Nom de la marque déposée de l'essence de niaouli. Dér. de Gomen, nom d'une localité de Nouvelle-Calédonie; suff. -ol*.

http://www.cnrtl.fr/definition/gom%C3%A9nol%C3%A9e

Ce qui pourrait passer pour un eucalyptus est en fait un spécimen de Niaouli.(M.S.) <=> ???? Son écorce spongieuse rappelle l’amadou.





Nicole CRESTEY rappelle l’usage que font  certains de l’huile goménolée que l’on en tire.








Un autre arbre s’avère être un Terminalia mentali originaire de Madagascar, reconnaissable à ses branches horizontales.(JPLG)

Il voisine avec un Gréviléa (Grevillea robusta Gréviléa ??? Australie) arbre très répandu sur l’île.

Nous découvrons ensuite le Neem (M.S.) (Azadirachta indica, Neem, MELIACEE, Inde), prononcer “Nîmes”, que nous n’avions pas observé au Gol. C’est l’arbre miracle, arbre médecine des pays du Sahel. Les feuilles en sont bipennées ???. (JPLG)

P1000627


En bordure du chemin qui monte vers la forêt de nombreux “pieds de bois” invitent à réviser nos connaissances taxonomiques :

- Avocat marron (Litsea glutinosa Avocat marron LAURACEE Exotique) 

- Acacia (Acacia mearnsii Acacia Exotique envahissant) utilisé naguère par les planteurs de géranium pour obtenir du bois de feu pour la cuite. On pourrait songer à l’utiliser pour l’exploitation systématique de la biomasse sur l’île.

- Mûrier blanc (JPLG)

Galabert, alias corbeille d’or (Lantana camara Galabert VERBENAC.)

Bois d’andrèze (Trema orientalis Bois d’andrèze CANNABAC) (M.S.).  Originaire de Madagascar, notable pour son hétérophyllie. (JPLG) (JPLG)

à sa feuille pennée au rachis ailé on reconnaît le Tan Rouge (Weinmannia tinctoria Tan rouge Indigène) dont les longues inflorescences servent à la production de miel vert. L’arbre doit une partie de son nom au fait que son bois est rouge, et a servi en ébénisterie et en charpente. Voir le site du CIRAD (http://arbres-reunion.cirad.fr/especes/cunoniaceae/weinmannia_tinctoria_sm). Voir la page Wikipedia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Tan_rouge).

de jeunes pieds de Bois maigre (Nuxia verticillata Bois maigre Indigène). Les arbres adultes sont reconnaissables à leur écorce (M.S.) (M.S.) (M.S.) (M.S.) (JPLG)

Bois de pomme (Syzygium sp. Bois de pomme MYRTACEE B M) dont les feuilles aux extrémités des branches prennent des teintes rouges (M.S.(M.S.) . L’anthocyane — mot composé de antho- (fleur) et cyan (couleur bleu-vert complémentaire du rouge) est le pigment végétal hydrosoluble  responsable de cette coloration. (JPLG)

F.D. ayant trouvé une plante dont les feuilles sont opposées deux à deux et à 90° de la paire précédente, c’est l’occasion d’apprendre un nouveau terme botanique : feuilles opposées décussées.

(Deux feuilles par nœud : la disposition est dite opposée. Quand ces feuilles, le long de la tige, sont sur un plan, on appelle cela une phyllotaxie opposée. Quand ces feuilles, le long de la tige, sont disposées de façon perpendiculaire d'un nœud à l'autre, on appelle cela une phyllotaxie opposée décussée.

Plus de deux feuilles par nœud : la disposition est dite verticillée. Elle est forcément disposée sur plusieurs plans. http://fr.wikipedia.org/wiki/Phyllotaxie)

La Jouvence (Ageratina riparia Jouvence ASTERACEE Mexique) est une plante qui envahit à grande vitesse les forêts et bords de chemin des Hauts. Il ne faut pas la confondre avec le Yapana, herbe prisée par les Créoles pour ses vertus médicales.

Des pieds de Change-écorce (Aphloia theiformis Change écorce  FLACOURTIACEE Indigène) sont repérés par Nicole CRESTEY. (M.S.)  Les individus que l’on trouvera plus tard en forêt seront autrement plus impressionnants (M.S.). Le change-écorce doit son nom au fait que son écorce se détache en lambeaux, un peu comme celle de l’Eucalyptus. Ses feuilles se reconnaissent à leurs bords crénelés. (M.S.)

Le Corce blanc (Homalium paniculatum Corce blanc SALICACEE EM) se reconnaît à son écorce, blanche bien sûr, et à son sommet pyramidal. On dit qu’il fleurit après le passage d’un cyclone. (M.S.) (M.S.) (JPLG)

Dans le fouillis végétal du bord du chemin Nicole repère une plante dont le nom est bien connu des lecteurs des Schtroumps. Il s’agit de la Salsepareille, appelée ici Croc de chien  (Smilax anceps Liane croc de chien Indigène SMILACAC.). (JPLG)

P1000638


Tout près, une construction arachnéenne, d’une grande complexité, intrigue. L’araignée femelle a tissé un ensemble de fils dans les trois dimensions de l’espace. Nicole « tire la photo » pour envoi à une spécialiste des araignées récemment passé dans l’île pour identification. (JPLG)

Des pieds de Bois rouge (Cassine orientale Bois rouge CELASTRACEE   Endémique M H EM  B M R) se retrouvent çà et là le long du chemin. (JPLG)


Entrés dans la forêt, nous retrouvons les essences caractéristiques de ces espaces préservés, plus ou moins. 

De nombreux jeunes pieds de Bois de négresse (Phyllanthus phillyreifolius Bois de négresse  Bois de cafrine, Bois de chien, Bois de ravine, Girambelle marron PHYLLANTHACEE Endémique EM) bordent le sentier. En retournant les feuilles, on peut apercevoir les « boulons », petites boules caractéristiques qui rappellent les petites boules de certaines coiffures des Noires, d’où le nom de la plante, aussi appelée Faux bois de demoiselle. Elle aurait des vertus abortives très utilisées aux temps de l'esclavage. (M.S.) (M.S.) (M.S.(JPLG)

IMG_5027


Partout de très hautes fougères arborescentes (Cyathea excelsa Fanjan femelle CYATHEACEE EM Endémique)  (Cyathea borbonica Fanjan mâle CYATHEACEE EM Indigène). “Cyathea glauca est endémique stricte de la Réunion, c'est le fanjan femelle dont les crosses sont recouvertes d'un duvet roux et les frondes tripennées, à savoir, trois ramifications. […] Cyathea borbonica ou fanjan mâle, possède des frondes bipennées” (http://reunion.runweb.com/page-587-lang-FR-2V-page,Les-fougeres-arborescentes-ou-fanjans.html ). Le fanjan sur le tronc duquel poussent de nombreuses plantes épiphytes jeunes (voir ce qui a été dit des Tans Rouges) est une espèce clé de voûte. (JPLG)

Sur un pied de Tan Georges, (Molinaea alternifolia Tan georges SAPINDACEE EM) Nicole CRESTEY fait observer la présence de domaties, minuscules trous dans la feuille où se concentrent des sucs attirant les acariens qui ainsi protègent la plante. 

La domatie (du latin domus, maison) est une structure spécialement adaptée (tiges enflées, stipules, pseudobulbes, poches foliaires, tubercules, etc) qui se développe sur un organe végétal et qui, le plus souvent en échange de bénéfices réciproques (phénomène de symbiose), attire des arthropodes. http://fr.wikipedia.org/wiki/Domatie 

Ne pas confondre Molinaea alternifolia Tan georges SAPINDACEE EM et Doratoxylon apetalum Bois de gaulette SAPINDACEE Indigène.

Bois de corail (Chassalia corallioides Bois de corail Endémique ) (JPLG)

Des Tan Rouges (Weinmannia tinctoria Tan rouge CUNONIACEE EM) à divers stades de croissance peuvent être observés tout le long du sentier. Dans le fouillis du sous-bois, ce sont pour l’essentiel des spécimens déjà avancés en âge que nous observons, exemples parfait de “collet monté” (JPLG). La graine se fixe sur le tronc, souvent sur le tronc d’une fougère arborescente (Fanjan) sur lequel pousse et grandit le petit Tan Rouge qui finit par étouffer ou écrser son hôte. Comme il a grandit bien au-dessus du sol, les racines du Tan Rouge ont cherché l’humus et au final on a l’impression d’un arbre juché sur des béquilles plus ou moins torturées par les rhumatismes. (M.S.)  (M.S.)  (M.S.)  (M.S.

P1000667


Des pieds de Losto café (Gaertnera vaginata Losto café RUBIACEE Endémique) (M.S.) sont l’occasion d’observer une phyllotaxie verticillée par trois (trois feuilles sont regroupées au même niveau sur la tige ??? ). 

Le Bois de source (Boehmeria stipularis Bois de source blanc URTICACEE EM ?) est omniprésent.

Nicole CRESTEY repère une minuscule  limace transparente à coquille interne (Hyalolimax) posée là sur une feuille accueillante. (JPLG)

Gigantesque, majestueux, royal, un Affouche (Ficus densifolia Affouche MORACEE EM) nous laisse tous admiratifs. Nous constatons une fois encore le phénomène de collet monté. Les affouches en effet croissent très souvent sur d’autres arbres qu’ils finissent par épuiser, d’où leur noms d’« étrangleurs ». Nous en rencontrerons d'autres.  (M.S.)  (M.S.)  (M.S.)  (M.S.) (JPLG) (JPLG)

IMG_5034


Sur le bord du sentier, partout, le Bois de violon alias Bois de Charles (Acalypha integrifolia Bois de Charles Indigène EUPHORBIACEE Indigène ). Ses feuilles lancéolées sont rétrécies (pas toujours) à la base et rappellent la forme d’un violon…

Un pied de Bois de chandelle (Dracaena reflexa Bois de chandelle RUSCACEE Indigène) a bien du mal à grandir dans le clair-obscur du sous-bois. 

Une fougère épiphyte (???) qui fait penser à une succulente est vue à plusieurs reprises. (JPLG)

De beaux spécimens de Bois de corail (Chassalia corallioides Bois de corail RUBIACEE Endémique ) sont également observés. (JPLG)

- De même pour le Bois de cannelle (Ocotea obtusata Bois de canelle LAURACEE EM). (M.S.) (M.S.) (M.S.)

Nicole nous fait remarquer comment les galeries de la Mineuse de feuille croissent en largeur au fur et à mesure que la larve avance entre les deux membranes de l’épiderme de la plante hôte depuis l’endroit où l’œuf a été pondu.

Les feuilles lustrées sont une des caractéristiques du Bois de Noël (Ardisia crenata Bois de Noël  MYRSINACEE Exotique). (M.S.) (M.S.(JPLG)

Les énormes feuilles du Bois de perroquet (Cordemoya integrifolia Bois de perroquet EUPHORBIACEE Indigène) font la joie de tous : voilà une espèce facile à reconnaître. (JPLG)(JPLG)(JPLG)

Nicole CRESTEY réussit à localiser un pied de Foulesappate (Hibiscus boryanus Foulsapate marron MALVACEE B M). (JPLG)

Nous retrouvons sous le couvert de la forêt des pieds de Corce blanc (Homalium paniculatum Corce blanc SALICACEE EM) matures.

La Fougère tortue (Marattia fraxinea Fougère tortue MARATTIAC. ???) doit son nom au fait que sa base dans le sol peu faire penser à une carapace de tortue enfouie. (JPLG)

Un pied de Bois jaune (Ochrosia borbonica Bois jaune APOCYNAC.), espèce rare, retient notre attention. (JPLG)

Nous trouvons enfin un Bois de savon (Badula barthesia Bois de savon  MYRSINACEE Endémique ??? Badula grammisticta Bois de savon MYRSINACEE Endémique ??? ) qui apparaît par deux fois sur la liste des plantes du jour. Les feuilles jeunes du pied repéré sont effectivement très douce au toucher. (M.S.) (M.S.) (JPLG)

Quelques spécimens de Bois d’oiseau ont été observés. (M.S.) (JPLG)

Le nom de la liane de Lingue poivre (Piper borbonense Lingue poivre PIPERAC.) vient en partie du malgache (lingue veut dire “faux” en malgache).

Une Sélaginelle (??? Selaginella salaziana SELAGINACEE Endémique des Mascareignes) avec ses épis sporifères semble une composition d’une sobirété de bon aloi à l’étal d’un fleuriste imaginatif. (M.S.) (JPLG)

- Tout près, et dans la même logique reproductrice, une fougère vivipare. (JPLG)

P1000670


La présence d’un Bois de rempart (Agarista salicifolia Bois de rempart ERICAC.) est l’occasion de rappeler que ses feuilles sont  un poison mortel.

Nicole CRESTEY découvre un spécimen de Bois patte poule (Vepris lanceolata Bois patte poule RUTACEE Indigène et un de Gros patte poule (Melicope obtusifolia Gros patte poule RUTACEE EM) ??? (M.S.).  (JPLG)

Un pied de Bois de cannelle marron (Ocotea obtusata Cannelle marron LAURACEE Indigène) sera la dernière plante cochée sur la liste pour la journée. (M.S.) (M.S.).

Le chemin du retour est vite parcouru en sachant qu’un pique nique qui sera partagé sous les grands platanes nous attend. Il permettra de découvrir les exceptionnels talents culinaires des participant-e-s.



© F. Duban 2012