Hommage
Cette journée fut radieuse, parfaite, puisque nous voulions tous exprimer notre reconnaissance à notre accompagnateur pour sa bienveillance autant que pour sa science, toutes deux infinies. Juste retour des choses. La présence de L. toujours à ses côtés a parfait notre félicité. Merci Gislein !
Mille fois merci aux photographes qui se sont surpassé(e)s.
La journée débute par la contemplation d’un paysage toujours aussi fascinant, celui des falaises de la côte sud contemplée en direction de l’est, à partir du belvédère du premier parking sur la route qui descend à Grande Anse. Petites révisions sur les hyaloclastites, et la palagonite qui donne leur couleur jaunâtre à certains étages de la falaise devant nous. On trouvera de plus amples information ici.
J.-P. salue les emplois verts présents sur le parking et nous entamons une conversation qui nous montre une fois de plus combien ces emplois sont impliqués dans leur travail pour garder les lieux propres, réparer les marches sur les sentiers, veiller sur le respect et le développement des plantes endémiques.
Nous grimpons le sentier qui monte vers le sommet du cap Auguste, qui porte si bien son nom. On retrouve entre autres l’Herbe le rail, la Doucette et sa feuille émarginée, la Prune malgache.
Parvenus au belvédère, le regard s’est perdu dans la contemplation des vols des oiseaux marins sur fond d’espace de ciel et d’océan. Arabesques infinies toujours recommencées. Pour revenir sur terre, les photographes mitraillent les fleurs de Prune malgache.
Sur les bords des falaises vertigineuses on redécouvre les plantes habituelles de ce milieu comme la Lobélie, en fleur, la Souveraine de mer, la Lysimaque, la Saliette et le Raisin bord’mer (Coccoloba uvifera - Raisin bord de mer - Polygonaceae - Exotique).
Les moments les plus intenses seront passés à tenter de photographier les Macoas. Angoisses taxinomiques, stolidus ou tenuirostres ?
[L]e noddi niais, ou noddi brun ou macoua (Anous stolidus) […] niche dans les falaises à La Réunion. Le noddi à bec grêle (Anous tenuirostris) niche dans les arbres aux Seychelles, à Rodrigues (en particulier dans les Pisonia grandis où il se fait coller par les fruits). Nicole CRESTEY
Il peut y avoir des noddis à bec grêle … [à la Réunion] Quelle que soit l’espèce , les noddis ne supportent pas la captivité il faut les relâcher de toute urgence contrairement aux puffins et pétrels . Annie-Claude GONNAUD
Nous notons la disparition en ces lieux de l’impressionnante Liane foutafout liane sans feuilles qui plante ses suçoirs directement dans la tige de son “hôte” (Cassytha filiformis L. - Liane foutafout - Lauraceae - Indigène Réunion).
Comme ont disparu, coupés pour poser on ne sait quel poteau un magnifique et vieux Bois d’ortie, espèce rare et menacée, et un maginifique et vieux Bois d’éponge, en bord de route, au-dessus du parking.
Dans les sentiers tortueux on trouve Euphorbia cyathophora et ses cyathes, nom donné à l'inflorescence partielle en forme de coupelle des euphorbes (Mi-aime-a-ou). Nicole C. en a fait une photo légendée.
Nous repartons vers le haut du belvédère de Piton de Grande Anse. Angoisses taxonomiques sur la Pomme Jacquot dans la montée. Découverte de pieds de nouvellement plantés (?) Bois de sable au sommet.
Les paille-en-queues tournoient dans l’azur. L’eau est de cristal en contrebas.
On ne dira rien du pique-nique par discrétion. Tout son sens a été redonné à l’expression par trop galvaudée “faire la fête”.
Tout ça pour ça
Les rescapés se portent volontaires pour découvrir le site aménagé par l’association NOI (Nature Océan Indien) pour protéger l’habitat de Phelsuma inexpectata du côté des falaises de Bordet, du moins c’est le nom sur la carte. Nouvel épisode de botanique extrême.
On dira que nous avons descendu la falaise verticale dans la pagaille monstre d’une végétation tropicale délirante, essentiellement de Pandanus utilis pour finir par apercevoir un Phelsuma inexpectata, pur joyau dans un écrin de lumière.
Après la descente sur les fesses, la remontée à la force du poignet. Instants magiques dans ce milieu ô combien difficile d'accès et a priori intact.
Le sentier du haut de la falaise nous conduit de vue exceptionnelle en parterre exceptionnel où sur deux mètres carré se trouvent concentrées la rarissime et endémique Chamaesyce viridula, la soyeuse Dichondra repens et la Lobélie en fleur, au bord d’un à pic frangé très loin plus bas d’écume que bat la houle océane. Pur bonheur.
Et le reste est silence.