Home Page

N. CRESTEY : Nous avons été enchantés de cette journée, tant par l'accueil de votre équipe que par le sentier lui-même qui nous a permis de voir une forêt encore idéalement préservée. Vous verrez sur le site que nous avons commencé l'année 2019 par une sortie à Grand Coude et terminé aussi, et en beauté, par la visite de votre chantier. Un grand merci à Jean-Hugues et Joselito Francomme,  Jean-François- Lauret, Cédric Clerville de l'ONF et à Léonard Orange. 

Nicole CRESTEY



F. D. : Il est des sorties exceptionnelles dont on gardera à jamais le meilleur souvenir. Ce fut le cas pour cette marche sous la conduite diligente et chaleureuse d'une équipe d'ouvriers travaillant à la réhabilitation du sentier prévu pour aujourd'hui.

Le Morne Langevin, aboutissment du chantier en cours,  se détache sur fond d'azur lorsque nous arrivons au parking du départ du sentier à Grand Coude. Les prévisions météorologiques étaient pessimistes pourtant.

Nous allons à la rencontre de l'équipe qui  travaille sur le chantier et l'ambiance est immédiatement des plus chaleureuse.

Le départ donné, nous marchons d'un très bon pas sur la partie du sentier bordant la falaise surplombant la Rivière des Remparts. Il est évident que nos guides sont habitués à un rythme de marche soutenu. Nous suivons de notre mieux. Quelques haltes salutaires à l'initiative du Chef de chantier permettent au groupe de garder sa cohésion.

Il fait très chaud et nous sommes encore à découvert. Nous entrons peu à peu dans l'ombre des premiers arbres avant de parvenir au kiosque où nous faisons une nouvelle halte.

La marche reprend et nous entrons pour de bon dans la forêt primaire sur le territoire du Parc National.

Un rituel qui espérons le se répandra systématiquement pour chaque entrée de sentier dans le Parc, celui de la station biosécurité.

Il s'agit de se débarrasser de toute graine collée aux chaussures ou aux habits à l'aide de brosses solidement fixées sur la base de la station. Les graines et autres poussières tombent à travers une grille dans un bac. On espère ainsi ne pas faire entrer de graines d’espèces invasives dans la forêt.

Nous nous plions volontiers à ce rituel car nous avons vu au fil des ans avec quelle rapidité des invasives comme la Jouvence pouvaient coloniser les sentiers. Pour la vigne marrone et les Longoses, la partie est perdue.


Après ce rituel commence l’émerveillement.


La forêt mesotherme offre un couvert très riche mais suffisamment ouvert pour que la lumière diffuse à travers les hautes branches. Peu d’invasives, des endémiques et déjà quelques Calanthe sylvatica et leur hampe pourpre jalonnent les abords du sentier. On trouve aussi des Angræcum costatum et des Jumellea triquetra en fleur dans les mousses sur les vieux troncs. Le soleil est toujours de la partie, sa lumière tamisée fait la joie des rares photographes.

Les descentes dans les ravines offrent ainsi des voûtes de cathédrales végétales dont les vivants piliers sont les gigantesques troncs d'arbres multiséculaires sans doute. 

Nous devisons aimablement assis sur les rochers moussus d’un fond de ravine justement, quand le Chef de chantier nous apprend mine de rien que près de nous existents deux ou trois pieds d’Heterochenia. La vive et immédiate réaction des botanistes est de se lever pour aller voir ! Ils ont passé une journée la semaine dernière pour voir à la jumelle des Heterochenia au flanc des falaises des basaltes surplombant la Plaine des Sables !

Il y a bien là deux pieds d’Heterochenia ensifolia ou peut-être borbonica. Il reste quelques fleurs séchées. S’il s’agit bien de d’Heterochenia ensifolia, alors une fois de plus on ne peut que constater les différences d’allure et  de port  d’une espèce d’un milieu à l’autre. Ici elles sont plus graciles que d’autres vues ailleurs dans des ravines plus humides...

Encore faut-il rappeler que ce spectacle n’est pensable qu’en raison de l’accès à ces lieux rendu possible  par l'extraordinaire travail réalisé par l'équipe qui nous conduit. 

Chaque dalleau franchi, chaque marche retenue par des tiges métalliques de 60 à 80 cm de long dans un terrain rocheux escarpé représentent des kilogrammes portés à dos d’homme sur des kilomètres et des heures de travail pour chaque mètre rendu plus facile pour les futurs randonneurs. Rendons ici hommage à nos guides, pour leur accueil si chaleureux et aussi pour ces heures de labeur qui rendent les excursions possible dans cette forêt préservée : 

Messieurs Léonard Orange,  Jean-François Lauret, Jean-Hugues Francomme, Joselito Francomme.

Mentionnons également le soutien de  Monsieur Eric HECKERMANN à ce projet.

La progression se poursuit au rythme des ravines franchies une à une. C’est alors que la pluie de farine se fait drue. Après concertation, le retour au kiosque est décidé. 

Malgré les risques de glissade, le regard continue à parcourir les abords du sentier pour tâcher de cueillir ici et là des images à graver dans la mémoire, images de jardins précieux postés sur les vieux troncs couchés ou encore celles de discrètes orchidées accrochées aux mousses des écorces.

Longue est la marche de retour après le pique-nique sous le kiosque où nous avons quitté à regret nos guides non sans les avoir encore félicité pour le travail déjà accompli. Un immense merci à eux...

© François DUBAN 2019