Une cathédrale végétale
Le Sud Sauvage s'urbanise, s'automobilise, s'immobilise. Il faut dépasser Saint-Philippe où la pluie nous attend pour retrouver le Sud sauvage et la Réunion des temps anciens.
La descente dans le Grand Brûlé est toujours un parcours initiatique aux forces telluriques. La pluie cesse, nous arrivons à Bois Blanc.
Les voitures parquées, nous entrons dans un des sanctuaires de l'ONF.
Ainsi, la Maison forestière dépassée, c'est une cathédrale végétale qui s'élève devant nous, dans l'intimité de sa lumière diffuse d'un jour gris mais heureux, ses colonnes aux chapiteaux de rameaux s’élançant vers les cieux. Au sol un gazon impeccablement entretenu achève de parfaire un sentiment de paix et de sérénité qui imprègne ces lieux, en semaine il est vrai.
Ce sont de grands Benjoins, de Petits et Grands Nattes, dont les troncs souvent sont couverts de lianes, d'orchidées, qui prolifèrent dans ce milieu humide et chaud, et encore à l'abri de ce qu'on appelle de moins en moins le progrès.
La légende d’Obéron est évoquée…
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La piste monte en lacets et sur ses bords dont les alentours dégagés permettent un épanouissment rarement rencontré en milieu naturel s'élancent de beaux arbres lustrés par la pluie.
En arrière-plan le rempart du Grand Brûlé s'élève en un mur vertigineux de luxuriance verte, protecteur majestueux et discret.
Une fois la futaie cathédrale dépassée, et d'autres grands arbres inspectés, enfin se voient les Bois Blancs.
Espèce devenue rarissime, en voie de disparition, c'est une joie que de les voir ici bien gaillards. Mais nous ne verrons que des adultes monoïques, et un seul specimen arborant sa parure juvnile, hétérophyllie oblige.
Nous passons de longs moment à détailler tous ces individus et leurs voisins, ficus rouges et leurs figues suspendues en filets, Bois de pomme, Benjoins, Bois de perroquet et toute une multitude d'espèces rarement rencontrées dans les forêts de la côte sous le vent.
Plus haut encore la pluie nous attrape mais nous trouvons refuge sous un abri bienvenu. Joyeux pique-nique au bruit de la pluie, par terre et sur les tôles.
Repus, nous progressons dans une forêt aux allures de plus en plus sauvages, où abonde le recherché Bois de Pêche marron reconnaissable à ses pétioles rouges.
La découverte de la coulée de 1977(?) est un bonheur : des Bois de remparts bien droits et déjà hauts de deux à trois mètres, largement espacés abritent une végétation aérée ponctuée des tâches mauves des orchidées Bambou.
La piste est loin derrière, le chemin caillouteux est bordé de nombreux pieds de Pêche marron et d'élégants et jeunes Bois de papaye.
Une fois dépassé le sentier vers la Cage aux lions, station désormais abandonnée et fermée, et la ravine franchie, nous amorçons la redescente. C'est un autre bonheur que de marcher longtemps au milieu de vergers dont on ne dira rien pour des raisons évidentes.
Cette impression de luxuriance et de nature généreuse nous accompagne jusqu'à la route.
Chacun spontanément salue une journée aux riches heures botaniques, une fois de plus.
Pour rappel. M.B. avait perdu un de ses deux bâtons et avait poliment demandé aux agents sur place si, au cas bien improbable où le bâton serait retrouvé, de le mettre sous une des voitures au parking. Au retour, le bâton était là. Merci Messieurs de l'ONF! Puissent les autorités de tutelle l'apprendre et savoir apprécier autant que nous ce geste qui fait oublier la sauvagerie des jungles urbaines.
Merci à Andrée pour son aide à l’identification, vivement appréciée