Luxuriance des forêts tropicales des Hauts de La Réunion


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Vue sur le Piton des Neiges au Col de Bébour

Nous nous retrouvons sur le parking du sentier de Bras Cabot, sur la route de Bébour-Bélouve à neuf heures comme prévu. Quelques nuages climatisent un environnement d'où émane un puissant et réconfortant sentiment de nature telle qu'en elle-même. Las, le silence ouaté matutinal se déchire quand ronflent les tronçonneuses à l'œuvre au loin. 

Le sentier de Bras-Cabot permet au visiteur d'admirer la luxuriance de la végétation de la forêt tropicale des Hauts de l'île de la Réunion de la côte au vent. La profusion des espèces notamment endémiques atteint ici un paroxysme. Malheureusement, il faut aussi constater que les invasives comme le Goyavier, la Jouvence, les Boules de Boissier sont bien présentes aussi.

Un Branle vert d'une hauteur de 2 mètres environ et 

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un Goyavier en fleur (ci-dessus) ouvrent le sentier. 


Sous le couvert, de belles fougères Blechnum attenuatum  (Fougère plume) sont l'occasion pour Nicole CRESTEY de montrer la différence entre les frondes fertiles (supérieures, graciles) et les frondes stériles (plus épaisses). 

De nombreux mahots jalonnent le sentier. 

Les Boules de Boissier sont omniprésentes à nos pieds.

Quelques Polygonum persicaria évoquent le pêcher en ce jardin édénique. 

Tout au long de la randonnée, nous trouverons des exemplaires de Bois d'osto et de Losto café

Le Bois d'osto est verticillé par trois, voire quatre, et on distingue des domaties sur ses feuilles qui comportent une marge. Les stipules en sont libres. Le tronc est blanc et granuleux.

Le rouge côtoie le vert le plus tendre sur un jeune pied de Bois de fer bâtard.

Les Ananas marrons sont nombreux aussi le long du sentier, souvent portant déjà leurs fruits.

Le tronc du Catafaille s'orne ici de lenticelles blanchâtres. 

Les grains de Losto café permettent de l'identifier à coup sûr. Beaucoup d'entre nous lui en sont reconnaissants. Sinon on peut vérifier que les stipules sont ici soudées pour confirmer l'identification.

Portant sur le tronc ses fruits qui évoquent de petits piments, le Bois de piment (ou Bois de rat, les fruits secs résiduels ressemblant à des crottes de rat), arbre aux grandes feuilles est donc un cauliflore. Ces feuilles sont translucides, contrairement à celle du Bois de bombarde (cf. infra). 

Les feuilles du Bois de Quivi font de petits cœurs, tandis que 

le Catafaille patte poule mérite bien son nom, ses trois folioles ??? terminaux évoquant les trois doigts d'une patte de poulet. Avec beaucoup d'imagination et de poésie.

Le Bois de Laurent Martin est ici moins abondant que sur le sentier des Ramparts des Hauts de Mont-Vert.

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Un pied de Bois de savon (ci-dessus) étale ses feuilles et montre plusieurs blessures. Les tisaneurs braconniers sont passés par là. 

Quelques pieds de Bois de cannelle marron sont reconnaissables à leurs feuilles luisantes caractéristiques, du moins pour l'œil exercé des experts.

Quelques pieds de Bois de Joli cœur DES HAUTS jalonnent les sentier.

Un exemplaire de la Fougère gros lentille offre ses spores rassemblées en grosses taches rouges sous ses feuilles.

La boue est partout : thixotropie assurée dans des bruits de succion évocateurs.

Quelques Bois de bombarde ou Bois de tambour sont observés : grosses feuilles, fruits de la grosseur d'une poire, ce sont également des cauliflores.

On peut tenter de reconnaître le Bois maigre à ses nervures violacées.

BC-9-Bois de papaye- Polyscias - ARALIACEAE- E

Quelques pieds de Bois de papaye (ci-dessus) évoquent effectivement le papayer.

De nombreux pieds de Petit bois de corail offrent au regard des feuilles bien luisantes, bien caractéristiques, du moins là encore pour l'œil exercé.

Nombreux sont les Mapous en ces lieux. Leurs feuilles au toucher évoquent immanquablement le carton.

La progression est lente dans cette végétation luxuriante. Bien d'autres espèces ne sont pas mentionnées ici, dont les petites orchidées discrètes et en fleur encore sous les troncs moussus couverts d'épiphytes. On voit ainsi pousser des Psiadias boisvinii sur des Fanjans. À plusieurs reprises les sous-bois offrent des compositions végétales dignes des meilleurs fleuristes. Cette végétation insulaire endémique est bien menacées par les invasives, les Goyaviers surtout sur ce parcours.

Le pique-nique qui suit sera l'occasion de réviser l'usage que l'on peut faire de  Jumellea fragrans (Faham) d'où peut-être une dérive de la conversation qui se consacrera aux Présidents de la République, le tout  à l'abri d'un vieux kiosque sous les grands Cryptomeria. La pluie farine doucement.








© F. Duban 2012